Si le stress est naturel et si en ressentir un certain niveau s’avère bénéfique pour votre productivité et vos performances, en excès et sur le long terme, il peut être responsable d’un burn-out.
Ce trouble se caractérise par un épuisement à la fois physique, psychique et émotionnel.
Plus d’un million de travailleurs suisses souffrent de stress au travail, chiffre qui augmente d’environ 30% sur les dernières décennies. D’après le SECO (Secrétariat d’Etat à l’Economie), plus d’un tiers des actifs se sentent régulièrement, voire tout le temps stressés. Selon l’étude Job Stress Index 2016, menée par Promotion Santé Suisse, un quart des actifs se sentent stressés et épuisés.
Bien qu’il soit le plus souvent associé au travail, le burn-out découle parfois d’autres causes : scolaire, personnel, parental…
Qu’est-ce que le burn-out ?
Le stress répond à un mécanisme naturel. Lorsque vous êtes fatigué ou pris d’émotions fortes, l’organisme se défend en sécrétant du cortisol et de l’adrénaline, des hormones du stress. À court terme, ce phénomène est positif, car il favorise le dépassement de soi et de meilleures performances.
En revanche, le burn-out survient lors d’un excès de stress, ce qui peut avoir un impact négatif sur votre santé physique et mentale.
C’est dans les années 1970 que le terme “burn-out” apparaît pour décrire l’épuisement au travail. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit ce trouble comme “un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail”. D’après l’organisation, un adulte sur quatre en est victime au cours de sa vie.
De manière générale, le burn-out correspond à une dégradation du rapport au travail et à une diminution de l’engagement qui débouche à la longue à l’épuisement du salarié. C’est pourquoi on le qualifie également de “syndrome d’épuisement professionnel”.
Le burn-out ne survient pas du jour au lendemain, il s’agit du stade final d’un processus évolutif et progressif de souffrances. En effet, le burn-out résulte d’un cercle vicieux durant lequel le travailleur arrive au bout de ses ressources, puis voit ses performances professionnelles baisser, malgré toujours plus d’investissement et d’efforts, ce qui le fatigue davantage. Selon l’individu et son niveau de résistance, le temps, avant que le burn-out ne se déclare, peut être plus ou moins long. Ainsi, il est primordial de savoir en identifier les signes avant-coureurs.
Cet épuisement a des conséquences, à la fois, physiques, psychiques et émotionnelles. La gravité des symptômes varie selon le degré de sévérité du burn-out.
Malgré ses graves conséquences, celui-ci n’est toujours pas répertorié comme une pathologie dans les classifications médicales, telles que le DSM-5 (manuel diagnostique des troubles mentaux). Néanmoins, cela n’empêche pas les professionnels de le diagnostiquer et de le reconnaître comme maladie professionnelle.
Quels sont les facteurs et causes du burn-out ?
L’origine du burn-out est souvent à chercher du côté professionnel, même s’il peut parfois découler de situations personnelles.
Ce trouble touche autant les hommes que les femmes, de tous les âges, mais aussi de tous les horizons professionnels et niveaux hiérarchiques.
Les principales causes du burn-out professionnel sont à 80% liées à l’environnement professionnel :
- le surcroît ou un manque de travail,
- des objectifs inatteignables,
- un manque de reconnaissance et de valorisation,
- un problème d’organisation (personnel ou au sein de l’organisation),
- l’insécurité de l’emploi,
- les problèmes de management : rapport de domination, compétition, système de primes et de bonus…
- des tensions et des conflits de valeurs entre collègues ou avec la hiérarchie,
- des disparités de traitement dans l’entreprise,
- l’aménagement du temps,
- ou encore de mauvaises conditions de travail : environnement bruyant, isolement, interruptions…
Face à une surcharge de travail prolongée, une personne active se sent épuisée. Elle peut, par la suite, être victime de surmenage, puis de burn-out.
Certains facteurs d’ordre personnel peuvent aussi favoriser le burn-out :
- Personnalité : le burn-out touche davantage les personnes très engagées dans leur travail, les perfectionnistes, les personnes exigeantes et critiques envers elles-mêmes. Les personnes fragiles et instables émotionnellement (troubles psychologiques, troubles du sommeil, dépression) sont également plus enclines à déclarer un burn-out.
- Situation personnelle : les personnes qui ne bénéficient pas d’un environnement social et familial stable et satisfaisant ont plus de risques d’être victimes d’épuisement.
- Manque ou absence d’activités extra-professionnelles.
Plus rares, il existe d’autres formes de burn-out :
- Burn-out parental : il se caractérise par des difficultés à allier vie professionnelle et familiale. L’épuisement parental touche davantage les femmes que les hommes, en particulier les mamans surmenées qui ne bénéficient pas d’un soutien suffisant.
- Burn-out scolaire : certains étudiants peuvent souffrir de burn-out lors de leur scolarité à cause d’une surcharge de travail. Contrairement aux périodes d’examen qui déclenchent un stress ponctuel, l’épuisement scolaire s’apparente à un stress continu. Les risques sont plus élevés dans les cursus très exigeants où le rythme de travail est très soutenu et la compétitivité est rude – sans espace où se ressourcer et sans alter ego avec qui pouvoir partager ses difficultés.
Dans tous les cas, que le burn-out soit d’origine professionnel, scolaire ou parental, le manque de valorisation, de reconnaissance et de solidarité horizontale semble être un facteur aggravant.
Quels sont les signes du burn-out ?
Le syndrome d’épuisement professionnel se manifeste par :
- un état d’épuisement,
- une asthénie (fatigue chronique),
- une baisse des capacités cognitives,
- des troubles du sommeil,
- un désintérêt ou un cynisme vis-à-vis du travail,
- une baisse des performances professionnelles,
- une perte de confiance en soi,
- de l’indécision,
- des tensions et des douleurs (dos, tête, ventre…),
- des problèmes de peau,
- une accélération du rythme cardiaque et de l’hypertension artérielle,
- un sentiment d’inquiétude et d’anxiété,
- un vide émotionnel,
- de l’irritabilité et des troubles de l’humeur,
- un sentiment de frustration et/ou d’échec,
- de l’hypersensibilité,
- un détachement progressif des activités non-professionnelles.
Selon le stade d’épuisement, vous pouvez ressentir plus ou moins de symptômes, et ce, de manière plus ou moins prononcée.
Parfois, le burn-out conduit à des troubles alimentaires, à des comportements addictifs (alcool, drogues, médicaments) ou encore à la dépression.
Néanmoins, il convient de ne pas confondre burn-out et dépression, même si les deux pathologies paraissent analogues, elles diffèrent sur plusieurs points :
- la cause : souvent facile à pointer pour le burn-out, ce qui n’est pas le cas de la dépression,
- la réaction face au trouble : refus de l’état en cas de burn-out, abandon en cas de dépression,
- le rapport au temps : obsession en cas de burn out, absence en cas de dépression,
- l’humeur : le burn-out rend irritable alors que la dépression créé un sentiment d’indifférence.
Une autre confusion apparaît ces dernières années entre le burn-out et le Covid-long qui, selon certaines études provoquerait une encéphalite dont les troubles ressemblent étrangement à ceux du burn-out (Cf. Recherches du Dr Jamoulle et de l’immunologiste Van Weyenbergh de l’Institut KU Leuven).
Le burn-out a également tendance à nuire à votre système immunitaire et au bon fonctionnement de votre organisme, ce qui vous rend davantage susceptible de contracter des infections, mais aussi d’autres problèmes de santé comme les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 ou l’obésité.
Comment prévenir le burn-out ?
Stressé au travail ? N’attendez pas pour prendre des mesures afin de prévenir l’épuisement professionnel :
- Règle n°1 : Se fixer des limites
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- horaires raisonnables,
- pauses pendant la journée de travail,
- temps de déconnexion avec les écrans,
- prise de vacances,
- coupure avec le travail le soir et le week-end,
- s’écouter : oser refuser ou déléguer des tâches si nécessaire.
- Règle n°2 : Ménager l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
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- temps en famille et entre amis,
- activités extraprofessionnelles.
- Règle n°3 : Prendre du recul face au stress et apprendre à le gérer
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- Ne pas se mettre trop de pression ou culpabiliser,
- Techniques de relaxation et de respiration.
- Règle n° 4 : Adopter une bonne hygiène de vie
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- Alimentation équilibrée,
- Prise de compléments alimentaires,
- Pratique sportive régulière,
- Sommeil suffisant et de qualité.
- Règle n°5 : Savoir demander de l’aide à ses collègues, à son entourage, à un professionnel de santé
Comment soigne-t-on le burn-out en Suisse?
Il n’existe pas de traitement particulier pour le burn-out, car cela dépend de son degré de gravité et de la personne à traiter.
Pour certains patients, le fait de rencontrer le médecin, de prendre conscience de la situation et de lever le pied quelques jours suffit. D’autres, au contraire, auront besoin d’un arrêt de travail long et d’un accompagnement par un professionnel de santé.
Lorsque le burn-out est sévère, la volonté seule reste insuffisante.
De manière générale, voici les différentes étapes de traitement du burn-out :
- Se reposer : dans la plupart des cas, un arrêt de travail est prescrit à la personne victime de burn-out, qu’il soit d’origine professionnelle ou non. Cette phase de ressourcement permet de lutter contre la fatigue et de retrouver une meilleure forme physique. Durant cette phase, il est primordial de se reposer, d’éviter les écrans, de prendre soin de soi, de pratiquer des activités qui vous boostent : sport, bricolage, activités artistiques, relaxation… C’est pourquoi un arrêt de travail est souvent prescrit en cas de burn-out. Néanmoins, les médecins tâchent au maximum de limiter leur durée, car se retirer trop longtemps du rythme de travail peut compliquer le retour.
- Se poser les bonnes questions et s’ouvrir à son entourage
- Prendre soin de soi et de son alimentation :
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- Adopter une alimentation équilibrée,
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- Prendre ses repas à heures régulières,
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- Éviter les substances nocives et les excitants : tabac, alcool, café, drogues…
- Traiter le burn-out avec des médicaments : selon la situation et le niveau d’épuisement, le médecin adoptera la solution la plus pertinente. Il n’est souvent pas nécessaire de prendre un traitement médicamenteux pour traiter le burn-out, sauf en cas de dépression avérée ou de trouble parallèle. En effet, les anti-dépresseurs et somnifères ne soignent pas ce trouble et peuvent, au contraire, mener à des complications.
- Traiter le burn-out grâce à la thérapie : si l’usage de médicament pour soigner le burn-out n’est pas recommandé, l’accompagnement thérapeutique est presque systématique. Cette prise en charge psychologique repose sur des interventions psychothérapeutiques ou psychocorporelles, telles que les TCC (thérapies cognitivo-comportementales), l’EMDR (désensibilisation et retraitement pour les mouvements oculaires), la relaxation, la méditation de pleine conscience… Si le burn-out est sévère, le médecin traitant peut adresser le patient à un psychothérapeute ou à un psychiatre. Effectivement, consulter un psychothérapeute lors d’un burn-out permet au patient de réellement comprendre les raisons et les mécanismes qui l’ont conduit à cet état d’épuisement, et ainsi de se déculpabiliser. De plus, le suivi psychologique, en plus de traiter le trouble, permet d’éviter les risques de rechutes et d’apprendre à mieux gérer le stress et les situations toxiques.
- Reprendre le travail progressivement : la reprise du travail doit se faire progressivement avec quelques heures de travail par jour avant d’augmenter le rythme. Une reprise du travail trop brutale augmente les risques de rechute. Normalement, une visite de préreprise est obligatoire dès que l’arrêt de travail est supérieur à 3 mois afin de prévoir des aménagements de poste. Néanmoins, cette visite passe souvent à la trappe.
Selon la sévérité du burn-out, on estime qu’une bonne prise en charge contribue à un retour complet au travail entre 1 et 12 mois.
Détection du burn-out à Lausanne : comment cela se passe-t-il?
De plus en plus d’entreprises suisses proposent des actions de prévention et de dépistage du burn-out afin de limiter les cas les plus graves. Ceci découle notamment de l’initiative du SECO, qui, depuis 2014, a lancé une campagne de 4 ans pour sensibiliser les employeurs sur les risques psychosociaux, tels que le burn-out. De plus, les inspections cantonales du travail doivent veiller à ces risques et rester à la disposition des entreprises pour les informer sur le sujet. Il existe à ce jour divers outils pour aider les employeurs à prévenir le burn-out au sein de leur entreprise comme Etwas tun ? (une application pour surmonter les situations de changement, le surmenage, la souffrance psychique et la frustration) et Friendly Workspace (une plateforme d’évaluation de l’environnement de travail).
Du côté médical, en cas de symptômes du burn-out, vous pouvez procéder au dépistage auprès de votre médecin traitant ou d’un psychologue. Il est primordial de ne pas laisser traîner les choses, car les conséquences et symptômes s’aggravent en fonction de la sévérité du trouble.
Le diagnostic du burn-out pose parfois problème pour plusieurs raisons :
- L’absence de reconnaissance de la pathologie par le DSM-5. Cependant, depuis janvier 2022, le CIM-11 répertorie le burn-out comme “problème lié à l’emploi et au chômage”.
- La manifestation hétérogène des symptômes et de leur gravité.
- La confusion possible avec d’autres troubles, tels que la dépression.
C’est pourquoi, en cas de doute, nous vous conseillons de contacter un psychologue / psychothérapeute sensibilisé au burn-out pour élaborer un diagnostic le plus précocement possible.
Les méthodes de diagnostic du burn-out reposent le plus souvent sur l’identification des symptômes et une prise de connaissance des conditions de travail et de vie personnelle.
Il est aussi possible d’utiliser des outils, dont l’échelle de Maslach, qui se base sur 3 critères majeurs : l’épuisement physique et psychique, la dépersonnalisation et le sentiment de ne plus arriver à faire son travail.
Peu de professionnels recourent à des analyses biologiques pour affiner le diagnostic du burn-out, telles que l’analyse des niveaux de cortisol salivaire et sanguin, les marqueurs inflammatoires ou la variabilité du rythme cardiaque.
Dépistage et prise en charge du burn-out à Lausanne
La Consultation Sévelin à Lausanne, à quelques minutes du quartier du Flon, vous accompagne dans le processus de diagnostic et de prise en charge du burn-out.